DAVID DIEZ - "L'INNOCENCE ASSASSINÉE"

"La fillette rendit l'âme, et heureusement. La tête de la petite, maintenue sous l'eau afin de vérifier sa mort, fut écrasée contre les crustacés aux bords coupants, puis frottée de haut en bas et de plus en plus vite. Le visage, naguère magnifiquement beau et juvénile de l'enfant, disparut. Le cadavre fut abandonné là, une main coincée dans l'un des filets pour éviter que la marée ne l'embarque." p.8 (e-book)

Ma découverte de l'auteur

Ces derniers mois, j'ai été confrontée à une grosse panne de lecture pendant laquelle j'ai tenté de garder un rythme minimum afin de respecter mes engagements littéraires. Cependant, aucun roman n'est parvenu à me redonner l'envie de lire ; jusqu'à ce que je me lance dans "L'innocence assassinée". Même si j'ai découvert ce thriller totalement par hasard sur la plateforme d'échange Simplement Pro, j'ai tout de suite été attirée par son résumé prometteur. Je remercie d'ailleurs encore une fois l'équipe d'Évasion Éditions pour ce service presse numérique.

Mon résumé

À Berck-sur-Mer, le début des années nonante est marqué par la disparition et le meurtre de plusieurs fillettes. Non résolue, l'affaire se clôt pourtant lorsque l'effaceur de visage cesse, de lui-même, d'exécuter ses sombres desseins. Une trentaine d'années plus tard, le scénario se répète : des blondinettes, âgées de moins de dix ans, se volatilisent au nez et à la barbe de la police et des habitants. La seule différence notable avec l'affaire de 1991 consiste en l'absence de corps...

ATTENTION SPOILER : plusieurs citoyens de Berck semblent graviter autour du meurtrier et de ses petites victimes. Bourreaux, complices, proies ? Sur le bord de mer, les apparences sont souvent trompeuses.

Les points positifs

Ce livre présente une structure inédite et absolument originale ; il compte huit épisodes, d'une cinquantaine de pages, simplement numérotés et composés d'un prologue, de trois chapitres et d'un épilogue. Ces derniers s'accompagnent du nom d'un personnage (sur lequel la narration se concentre momentanément) et d'indications temporelles très utiles. En effet, le récit s'étend en réalité sur près de trente ans et jongle habilement entre différentes périodes afin de dévoiler progressivement la trame du roman. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié cette alternance passé/présent ; elle m'a permis de reconstituer, morceau après morceau, l'histoire dans son intégralité.

Dès les premières lignes, l'auteur construit un univers sombre et glaçant. Il n'épargne aucun détail au lecteur et aborde des thèmes particulièrement lugubres : enlèvement, viol, torture et massacre de fillettes, mais aussi incestes, meurtres abjectes et mensonges. Dans ce cadre si particulier, il conçoit également de nombreux personnages tous plus perturbés les uns que les autres. J'ai aimé cette ambiance où la folie règne en maître et où tous les protagonistes jouent un rôle d'importance ; Dean, Julia, John et Julie m'ont littéralement fascinée dans leurs traumatismes et leurs troubles psychiatriques.

De plus, j'ai été grandement impressionnée par le réseau de fausses pistes et de faux semblants imaginé par l'auteur. Effectivement, un grand nombre de révélations m'a laissée bouche bée, tout comme le dénouement final et ses multiples retournements de situation. Enfin, les notes de bas de page apportent quelques informations intéressantes au récit.

Les points négatifs

Au départ, j'ai eu un peu de mal avec le style d'écriture ; je n'ai pas apprécié les longues phrases alambiquées et pleines d'emphase. Néanmoins, j'ai fini par sentir ce style évoluer et s'enrichir. En outre, avec les différentes alternances de personnages, j'ai parfois perdu de vue le fil conducteur de l'histoire.

La durée de ma lecture

Sept jours.

Ma note

Un livre, tout proche d'une série, noir, cru et pervers : 4/5.

Informations de publication

2021, Évasion Éditions, -, 280 pages (e-book), ISBN 978-2-9579459-7-9.