HUGO BOITEL - "TSITADEL"
Dernière mise à jour : 11 avr.

"Plus je massacrais ces enfoirés, plus mes tripes bouillonnaient de plaisir. Qu'ils me frappent, me plantent, me brûlent, m'intoxiquent, tout ça, ce n'était rien face à l'insatiable frénésie qui me consumait. La chose qui pataugeait dans ce charnier n'était plus une créature, un monstre ou un hybride : j'étais devenu la vengeance incarnée, un messager de la mort (...)." p.646
Ma découverte de l'auteur
Plusieurs fois par semaine, je prends le temps de découvrir les nouveaux services presse proposés sur la plateforme d'échange Simplement Pro. Ainsi, début novembre, j'ai été irrémédiablement attirée par le second roman d'Hugo Boitel ; son résumé prometteur et les couleurs sombres de sa couverture m'ont tout de suite plu.
À la suite d'une rapide discussion, l'auteur français m'a envoyé son livre au format papier. Je le remercie d'ailleurs encore une fois pour sa gentillesse et sa confiance.
Mon résumé
Protégés par les hauts remparts de leur cité, les habitants de Tsitadel vivent sous un régime totalitaire inspiré des heures les plus sombres du communisme : uniformité de la pensée, discipline et docilité, délations régulières... Parmi eux, le colonel Szatonovitch, pacificateur et alcoolique notoire, remplit son devoir de patriote avec du baume au cœur. Cependant, plus les jours passent et plus la pensée abstraite envahit son esprit : cette traîtresse rend fertile son imagination, stimule son empathie et formule pour lui de nombreuses questions normalement interdites.
Et si l'obéissance aveugle et impassible arrivait à son terme ?
ATTENTION SPOILER : plongé malgré lui au cœur d'une insurrection sans précédent, Szatonovitch deviendra en réalité un allié de taille pour les révolutionnaires. En effet, sa particularité génétique exceptionnelle pourrait sauver l'avenir de Tsitadel.
Les points positifs
Influencé par l'imaginaire steampunk et le fonctionnement des dictatures communistes, ce thriller rétrofuturiste se divise en quatre parties numérotées et résumées d'un mot absolument représentatif de l'action décrite. Effectivement, chaque partie s'articule autour d'un point clef de l'histoire (contexte, enquête policière, origines et résistance) et contient une dizaine de chapitres. Numérotés de manière continue et titrés, ceux-ci comptent entre six et quarante-sept pages.
Cette structure "en entonnoir" (où chaque nouvelle partie témoigne d'un niveau de prise de conscience plus profond) m'a beaucoup plu, tout comme la construction de l'univers imaginé par l'auteur. De fait, ce dernier développe avec force détails le quotidien des habitants de Tsitadel : systèmes politique et judiciaire fonctionnels, classes sociales parfaitement délimitées, doctrine religieuse précise, origines complexes mais explicites... Ces divers éléments donnent du corps et de la puissance au récit, à l'instar des mots russes disséminés dans le texte et des différentes polices d'écriture utilisées.
En bref, j'ai grandement apprécié la découverte de ce monde à la fois passé et futur, mais aussi les petites touches de science-fiction choisies avec soin ; les dates mouvantes et leur labyrinthe temporel m'ont fait sourire à plusieurs reprises, les armures et exosquelettes des soldats m'ont impressionnée et, pour finir, la création des rôdeurs, l'action du mutagène et la véritable nature du Guide m'ont totalement laissée sans voix.
Enfin, pour moi, le gros point fort de ce livre réside dans son personnage principal. Au départ, Szatonovitch présente pourtant de nombreux traits de caractère détestables : toujours négatif, colérique, imbu de lui-même, plaintif... sa personnalité ne semble pas très engageante. Néanmoins, la narration à la première personne et son humour grinçant, bourré de cynisme et d'ironie, ont fini par me convaincre de son intégrité. Par la suite, j'ai aimé suivre ses explorations et révélations, sa brève histoire d'amour ainsi que ses rencontres avec Dmitri et Iossif (par ailleurs, un duo détonnant et hilarant).
Pour conclure, j'ai véritablement eu un coup de cœur pour ce roman alternant confidences et actions dans un monde où la guerre froide n'a jamais réellement pris fin.
Les points négatifs
J'ai trouvé la police de caractères très petite et les pages très remplies, mais il s'agit essentiellement de considérations pratiques.
La durée de ma lecture
Huit jours.
Ma note
Une lecture fluide, rythmée, originale... un vrai coup de cœur : 5/5.
Informations de publication
2022, Auto-édition, -, 692 pages, ISBN 979-8355769925.