J. LEANDER - "MINUIT MOINS CINQ SUR L'HORLOGE DE L'APOCALYPSE"
Dernière mise à jour : 23 mai

"Je n'y vois plus clair. Je ne sais plus ce qui est bien ou ce qui est mal. Je me suis enferré dans mes propres mensonges depuis des années. Cette quête insensée de la réussite sociale n'a jamais été qu'un moyen de cacher ma propre médiocrité au regard du monde et un peu aux miens aussi. Je voulais que l'on m'envie, mais c'est moi qui envie les autres. Je les jalouse à en crever !" p.135
Ma découverte de l'auteur
Ce petit livre fait partie du colis envoyé par la maison d'édition Humbird & Curlew avec laquelle je réalise actuellement un partenariat. Je tiens d'ailleurs à remercier encore une fois toute l'équipe pour cet envoi. Dans le même cycle que "TranscendanSe", chroniqué il y a quelques semaines, ce thriller a su me convaincre par ses thèmes actuels et sa plume mordante.
Mon résumé
Au sein de son cercle de connaissances, Sébastien Astopol fait figure de réussite sociale. En effet, son travail dans une entreprise d'armement lui rapporte un salaire très confortable, il se balade dans toute la ville avec son Audi A5 et enchaîne les conquêtes féminines. Dans cette vie à l'allure parfaite, il ne lui manque qu'une seule chose : l'amour. Et plus particulièrement celui de son ex, Eireen, qu'il a pourtant autrefois trompée copieusement.
ATTENTION SPOILER : ne supportant pas de la voir heureuse dans les bras d'un autre, Sébastien se promet de tout faire pour la récupérer. Rien ne l'arrêtera ; ni le mensonge, ni la manipulation, ni même le meurtre.
Les points positifs
Ce roman noir démarre avec une préface très sympathique signée par la maison d'édition. Il se découpe ensuite en deux parties sobrement numérotées et composées de seize puis cinq petits chapitres (entre trois et douze pages). Écrit à la première personne, il plonge le lecteur dans le quotidien et les pensées de Sébastien Astopol, un jeune homme à la fois cynique et virulent.
Effectivement, dans ce livre, tout est matière à satire : les relations entre collègues, l'armement et la guerre, les clivages sociaux, l'amour et le sexe, la publicité... L'auteur utilise l'humour noir et décalé pour pointer de réels problèmes sociétaux. J'ai été sensible à sa plume acerbe, parfois contradictoire, qui m'a somme toute beaucoup plu.
De plus, je tiens à souligner le gros travail d'écriture de J. Leander qui associe aisément un vocabulaire cru et vulgaire à des phrases complexes et autres jeux de mots extrêmement bien pensés. L'italique, les notes de bas de page et le mélange de diverses langues apportent également de la diversité et de la complexité au texte.
En outre, j'ai été agréablement surprise par la clôture de ce récit. Au départ, le "happy end" de Sébastien et Eireen m'a beaucoup étonnée, mais c'était sans compter le style inimitable de l'auteur, qui joue en réalité avec le lecteur puisqu'un épilogue de deux pages et une Némésis de huit pages rectifient le tir.
Enfin, j'ai apprécié la nouvelle ajoutée en fin d'ouvrage. Celle-ci s’inscrit dans un registre tout aussi sombre que le roman mais dans un style moins terre à terre et plus fantastique.
Les points négatifs
Malgré leur concordance avec le ton recherché par l’auteur, la tournure de certaines phrases m’a interpellée et le texte m’a parfois semblé trop compact pour une lecture aérée.
La durée de ma lecture
Un jour.
Ma note
Une satire sociétale acérée et particulièrement réussie : 4/5.
Informations de publication
2020, Humbird & Curlew, -, 203 pages, ISBN 978-2-9566466-2-4.
Partenariat avec la maison d'édition H&C

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