MARGARET ATWOOD - "LA SERVANTE ÉCARLATE"
Dernière mise à jour : 22 mai

"Il y a eu des manifestations, bien sûr, des tas de femmes et quelques hommes. Cependant, il y avait moins de monde qu'on n'aurait pu l'imaginer. Je présume que les gens avaient peur. Et elles ont immédiatement cessé quand on a su que la police, ou l'armée, ou va savoir, ouvrirait le feu, dès le début ou presque de tout rassemblement."
p.322
Ma découverte de l'auteure
J'ai commencé ce grand classique de la littérature il y a quelques jours afin de compléter une des catégories de mon défi lecture 2022. De plus, après avoir visionné une partie de la série éponyme lors de sa sortie sur petit écran, j'avais très envie de découvrir le récit de l'auteure canadienne dans sa version originale.
Mon résumé
L'augmentation constante des taux de pollution et de radiation réduit drastiquement la fécondité féminine mondiale. Sous couvert de protection de la race humaine, un groupuscule armé se hisse au pouvoir et créé la République de Galaad où les femmes fertiles deviennent une marchandise rare et convoitée. Transformées en mères porteuses pour des familles haut placées, elles sont en réalité violées, maltraitées et privées de la moindre liberté. En bref, la société condamne maintenant les servantes écarlates au silence et à l'obéissance.
ATTENTION SPOILER : ce nouveau régime dictatorial s'impose à June, la trentaine, dont la vie éclate en morceaux. Elle raconte dès lors son enfer quotidien en espérant un jour trouver une oreille attentive à son vécu et compréhensive envers ses actes.
Les points positifs
Ce classique littéraire démarre par une courte note de sa traductrice et un extrait du discours prononcé par son auteure en 2017. Ensuite, il se scinde en quinze parties titrées et numérotées à l'aide de chiffres romains. Chaque changement de partie coïncide avec un changement de rythme : la narratrice alterne les moments de réflexion (nuit/sieste) et les descriptions de son quotidien (jour). Les premiers se composent d'un seul chapitre alors que les deuxièmes en développent jusqu'à sept. En numérotation continue, les chapitres s'étendent sur deux à vingt-trois pages.
Durant tout le récit, la narratrice s'adresse de manière directe, intime, au lecteur ; elle lui décrit sa vie, s'interroge sur les valeurs de la République de Galaad avec lui et lui pose parfois même des questions. June incarne par ailleurs cette héroïne forte et indépendante, avec un esprit rebelle malgré les diverses pressions subies, dont tout le monde rêve. Pour ma part, je l'ai tout simplement adorée, dans ses moments de force comme ceux de faiblesse. Son humour sardonique et son optimisme la rendent attachante et la placent en opposition totale avec d'autres personnages comme Serena.
En outre, malgré l'évident manque d'actions du roman, la lecture reste fluide et rapide car le lecteur entre aisément dans l'histoire et s'accroche rapidement aux personnages. De plus, les fréquents flashbacks apportent de la diversité au récit et présentent la construction de la République de Galaad. Ils contiennent des moments de la vie de June, avant qu'elle ne devienne une servante écarlate, mais aussi les enseignements des Tantes lors de la mise en place du régime. Les notes historiques finales ajoutent aussi une touche de réalisme à ce récit pourtant dystopique.
Finalement, selon moi, le visionnage préalable de l'adaptation télévisée ne réduit en rien le suspense et la tension instaurés par l'auteure. Effectivement, même si les actions restent similaires, la manière de les amener et de les mettre en forme n'est absolument pas comparable.
Les points négatifs
La narration demeure assez lente et ne contient pas énormément d'actions.
La durée de ma lecture
Une dizaine de jours.
Ma note
Un super classique à lire absolument : 5/5.
Informations de publication
2021, Robert Laffont, Pavillons Poche, 576 pages, ISBN 978-2-221-24994-9.